12. Mon dossier HOLT

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Certificat de renonciation


Extrait du registre d'état civil



glups... la c'est en coréen...


Dossier médical

My schedule...

Mon "prix d'achat"...

Désignation d'un tuteur


Informations sur le passé

Fiche d'avant vol


Fiche d'identification


Aussi longtemps que je me souvienne, mes parents ne m'ont jamais caché mon adoption et ont toujours étés ouvert sur ce sujet. Quand j'ai commencé a m'y interesser de plus pres et quand j'ai exprimé le souhait de faire des recherches sur ma famille biologique, mes parents m'ont remis le dossier qu'ils avaient en leur possession.
Voila donc a quoi ressemble un dossier d'adoption en Corée dans les années 80 et se sont donc les seules informations que je connaisse avant d'aller a mon rdv a la HOLT.

11. Shinhan bank

Après un petit déjeuner copieux au Koroot, je pars 2h avant mon rendez vous, avec l'idée d'ouvrir un compte en banque afin de ne pas me promener avec l'argent liquide sur moi.
Je descend la rue qui mène a la station de métro, et sur ma droite je tombe sur la première banque, la "Shinan Bank". Je rentre... dedans, je vois un grand guichet et des gens assis sur des sièges un peu comme dans un aéroport, un écran plasma ( ça m'aurait étonné...), et un distributeur de ticket. J'en prends un et attend mon tour qui ne met pas longtemps a arriver, ça défile ici apparemment. Une jeune femme me reçoit, je commence a lui dire "annyonghaseyo, I want to open a bank account please..." gros blanc... elle parvient tout de méme a me dire qu'elle ne comprend pas l'anglais, se tourne vers son collègue et me fait signe qu'il faut que je l'attende lui, car lui comprend l'anglais...
Me voila donc en face de cet homme en train d'essayer de lui expliquer que je veut ouvrir un compte et y déposer l'argent dessus... lui , parle un anglais niveau collège... moi, c'est guère mieux... Je comprend tout de méme qu'il ne veut pas parce que je ne reste pas suffisamment de temps ici, alors je lui explique que je vais revenir et je négocie au mieux pendant 20 minutes...
Je ne sais pas comment j'ai fait, mais au bout d'une heure (entre la négociation et les papiers ) je sortait de la banque avec mon livret et une carte de retrait flambant neuve ( incroyable en Corée ils te font une carte dans la foulée... en France... hum... disons 15 jours )!!!
Mes problèmes de communications ne faisaient que commencer, vraiment il existe cette barrière de langage et il est très difficile de pouvoir se faire comprendre par les autres ou même les comprendre. Voila le problème majeur auquel nous sommes confrontés lorsque nous retournons dans notre pays d'origine... et faire des choses banales peut devenir un vrai parcours du combattant...
La, j'avoue m'en être plutôt bien tiré... non?

10. La HOLT en quelques mots

En 1955, Harry et Bertha Holt, couple évangélique et parents de 6 enfants décident d'adopter 8 enfants orphelins de la guerre de Corée. Ils sont si émus par cette expérience qu'ils commencent a en parler autour d'eux, et en 1956 ils fondent l'agence Holt Children's Services, faisant adopter des centaines d'enfants sud coréens par des familles américaines, devenant ainsi les pionniers de l'adoption internationale.Depuis ces années, l'adoption internationale tourne a plein régime en Corée, surtout dans les années 80 ou elle a connu un boom, devenant le premier pays "exportateur d'enfants".
De nos jours l'adoption internationale tend a diminuer, le gouvernement essayant de faire changer les mentalités des gens concernant "l'adoption domestique"(dans le pays), chose qui était mal vu il y a quelques années a cause du fait que les coréens sont très attaches au lien du sang.
La majorité de ces enfants adoptés qui sont partis au Etats unis ou en Europe ( France, Belgique, Suede, Danemark, Allemagne, Hollande...) ont étés victimes de la politique du pays, qui est passé de pays en voie de développement a 11ème puissance mondiale en 1/2 siècle.
Ces adoptions ont été un moyen de se débarrasser d'un problème alors que le pays était en phase de reconstruction et par la même occasion récupérer quelques dividendes au passage car comme tout le monde sait une adoption n'est pas gratuite et peut s'avérer très onéreuse.
Bien sur elles ont étés pour nombres de familles et d'adoptés sources de joie et de bonheur...

Donc la Holt est cette organisation qui gère l'adoption des enfants orphelins, par laquelle nous sommes tous passés et qui aujourd'hui s'occupe des recherches de famille biologique ( service post- adoption), c'est donc elle qui a tous nos dossiers...

9. Nuit blanche... pensées noires...

En rentrant, on me prévient qu'Elisabeth a essayé de me joindre au téléphone pour m'expliquer en détail le trajet de métro pour notre rdv de demain. Je n'était pas la, elle m'a donc laissé un email. Je vais essayer de ne pas me perdre demain ...

Tout le monde dors, il est 1h du matin en corée mais mon organisme lui, est toujours a l'heure française, soit 5h de l'après midi... dur dur j'essaie de dormir mais je n'arrive pas a trouver le sommeil, alors la seule chose que je trouve a faire c'est de me tourmenter l'esprit avec mes multiples questions habituelles... Je pense au rdv de demain, je n'attend rien mais pourtant inconsciemment ça me travaille, et si...et si...et si...

Voila quelques mois, j'avais contacté la très célèbre "mrs Park", la femme de chez HOLT qui s'occupe du service post-adoption par email afin d'entamer mes recherches sur ma famille biologique. Je n'avais pas eu de réponse, mais entre temps, un peu sur un coup de tète, je me suis décidé a venir en corée, donc je lui ai demandé un rdv directement, qu'elle m'a tout de suite fixé.
Du coup je ne savais rien, mais je me doutais bien qu'elle n'aurait pas plus d'informations que moi.
Mais il fallait que je commence par la, la démarche que j'ai entrepris est un peu comme une thérapie pour me guérir de cette souffrance qui est enfoui en moi depuis si longtemps, et c'était la première étape de mon cheminement sur moi meme... afin de pouvoir un jour peut être répondre a toutes mes interrogations... Qui suis je?, français? coréen? mes parents sont ils encore en vie? en bonne santé? a quoi ressemblent ils et est ce que je leur ressemble? ais je des frères ou des soeurs? quelles sont les raisons pour lesquelles ils m'ont abandonné? qu'ai je bien pu faire de si mal pour qu'a 3 ans ils aient voulu se séparer de moi? la mère qui m'a porté pendant 9 mois pense t'elle a moi de temps en temps?
Voila quelques questions parmi tant d'autres qui m'ont accompagnées tout au long de cette nuit blanche... Je suis en quête, en quête de mon identité perdue... tel un soldat, l'heure est venue pour moi d'aller sur le champ de bataille affronter mes vieux démons...

8. 1ere soirée en Corée

Elisabeth m'a déposé au Koroot, je dois la revoir demain pour aller a "holt" ensemble .
Je fais connaissance avec les quelques personnes présentent lors de mon arrivée, et file installer mes affaires dans mes nouveaux quartiers ( une chambre avec 4 lits superposés ) que je partage donc avec Raphael un belge et Cedric... encore un belge.
Le temps de prendre une douche et je rencontre en bas dans le salon Soo Pool, une jeune coréenne, volontaire pour le koroot. Elle est très sympathique et en plus elle parle français... (elle a passé 1 an a aix en provence ) pour l'instant je ne me sens pas du tout dépaysé...
elle se propose de m'accompagner faire un tour en ville histoire de manger un bout ensemble.
Nous voila donc parti, dans un froid glacial dans Seoul by night, des lumières partout, des écrans géants a tous les coins de rue, et des restaurants a perte de vue. Nous nous arrêtons dans un restaurant a l'ambiance traditionnelle, et Soo Pool nous commande une genre de pizza ( vous me pardonnerez j'ai oublié son nom...) et bien sur du soju pour nous réchauffer. Heureusement qu'elle ést la parce que bien sur, tout est marqué en coréen, et les serveurs ne parlent que coréen. Après quelques verres et une discussion axée sur son séjour en france et sur ma visite en corée, nous sortons, Soo Pool doit rentrer chez elle. Dehors, ca grouille de monde, on dirait que la vie ne s'arrete jamais ici et a ce moment je commence vraiment a réaliser que je suis en corée, l'odeur, le goût, l'air que je respire, les gens autour de moi, rien n'est pareil et je ressens des sensations vraiment uniques, difficile a expliquer pour le moment...
Soo Pool m'accompagne jusqu'au bus, elle se fait du souci pour moi, elle a peur que je n'arrive pas a retrouver le chemin du koroot. Moi, sur de moi" t'inquiète pas je vais me débrouiller"et le bus part...pour l'anecdote, j'ai raté mon arrêt et me suis arrête 2 arrêts plus loin... obligé de montrer la carte de visite du koroot a une femme qui a gentiment appelé la bas pour avoir des indications sur l'adresse. Je suis finalement arrivé a rentrer 1h après en me perdant encore a pied bien sur, jusqu'au moment ou j'ai aperçu la petite pancarte avec marqué "koroot" dessus. Ouf sauvé... remarquez ça m'a mis dans le bain de suite et pour une première c'était pas si mal que ça...

7. Le Koroot en quelques mots

Le koroot... Pour ceux qui ne connaissent pas et qui se demandent "mais qu'est ce que c'est le koroot?", il s'agit en fait d'une guest house réservée au Coréens adoptés du monde entier qui retournent dans leur pays natal pour y passer plus ou moins de temps.

Le koroot a été crée il y a maintenant quelques années par un pasteur et sa femme ( pasteur Kim), désirant faire quelque chose pour la cause des " overseas adoptees". C'est un peu comme une maison pour nous, l'ambiance y est très familiale, très conviviale et l'on y rencontre des personnes dans le même cas que nous, a la recherche de leurs racines.

Le cadre est vraiment sympa, situé a 600 mètres de la sortie de métro de Gyeongbokgung (célèbre pour son palais) et proche de toutes commodités, le koroot avec son architecture originale, son jardin apaisant, et son intérieur moderne et traditionnel a la fois est vraiment le lieu idéal pour y passer quelques jours ou semaines...

En plus pour une somme dérisoire, 10000 wons, ce qui est équivalent a 7,50 euros, on a droit a une nui té, le breakfast ( a l'européenne ) et le lunch de midi qui est préparé par 2 adjummha et qui préparent de succulents plats coréens.
Il y a une tv commune, un pc commun, un accès a internet par wifi et vraiment tout ce qu'il faut pour se sentir a l'aise.

Pour faire plus simple, c'est un endroit génial, vraiment pas cher, on aurait tort de s'en priver, pour une fois que c'est un avantage d'être adopté...

6. En route, direction le Koroot


Me voila dans la voiture, une hyundai dernier cri, fauteuils en cuirs, toute options, vraiment confortable assis derrière avec Elisabeth tandis que l'adjummha ( dame d'un certain âge ) conduit a vive allure car il est vrai qu'il y a de la route a faire. J'apprends que cette dame est professeur dans une faculté de Seoul, et qu'elle a un fils de mon âge, elle me regarde toujours en souriant, l'air un peu gêné, sans doute a t'elle pitié de moi...
Nous traversons un pont très long pour rentrer dans Seoul, sous ce pont se trouve le fleuve Han.
Je suis en Corée mais je n'arrive toujours pas a réaliser, mis a part ces grands buildings et ces écritures coréennes de partout que j'aperçois au travers de la vitre, mon esprit n'a pas encore atterri en Corée, mais mon corps lui est bien présent.
Le trajet dure environ 1 heure et ils nous faut demander de l'aide pour localiser exactement le Koroot , après plusieurs détours, nous arrivons enfin devant mon futur lieu de résidence, ma maison pour 15 jours...

5. Nom: Cheon Hong Suk/ surnom: Elisabeth



Après avoir effectué les formalités douanières, je me dirige vers ce fameux tapis roulant ou le but du jeu consiste a repérer sa valise au milieu d'une centaine d'autre et de la saisir au plus vite avant que ce tapis ne lui fasse faire un autre tour de manège...au bout d'1/2 heure, la mienne fait enfin surface... ouf je n'y croyais plus!!
Cheon Hong Suk, surnom Elisabeth, voici le nom de mon contact de "nestkorea" avec qui j'avais échangé de nombreux mails concernant mon arrivée. Il était prévu qu'un bénévole vienne me chercher a l'aéroport, mais pour plus de précautions, je change vite fait 30 euros en won en me disant comme ça si jamais y'a personne je prend un taxi direction le koroot.
Je sors donc du hall d'arrivées internationales et me dirige vers la porte de sortie, la , derrière les barrières, une foule de gens avec des petites pancartes attendent les arrivants de ce vol. Il y a vraiment du monde, des coréens de partout, qui se ressemblent tous et parmis toute cette foule, je n'arrive rien a distinguer... je commence a me sentir un peu perdu... je marche un peu pour sortir de ce bain de foule et me mets a l'écart pour essayer de voir si quelqu'un m'attends. rien, comment trouver quelqu'un qu'on a jamais vu? je commence a penser qu'il va falloir que je me débrouille comme un grand et qu'il va falloir chercher un taxi... soudain une jeune femme s'avance vers moi. "vous êtes benjamin?" "oui, c'est moi, vous êtes Elisabeth?" sauvé, c'est bien elle, mon contact qui m'accueille avec un grand sourire. Dans sa main une pancarte ou il y a marqué " bienvenu en corée benjamin"( comme c'est touchant), et a coté d'elle, une femme d'un certain âge me dit "annyonghaseyo" a son tour. Elisabeth me met a l'aise tout de suite, me demande comment s'est passé le voyage, je suis surpris de voir qu'elle parle extrêmement bien le français (je serais moins déboussolé comme ça), et qu'elle est vraiment très très gentille. Les présentations terminées, elle me dit qu'on va aller a la voiture direction Seoul. C'est parti, nous traversons donc l'aéroport, valise a la main, moi et mon nouvel ange gardien en route vers la découverte...

4. L'arrivée a Incheon


Il est 15h30 heure locale quand l'avion se pose sur la piste d'atterrissage de l'aéroport d'Incheon, pour moi, il est encore 7h30 donc vous imaginez l'état de fraîcheur dans lequel je suis
vu que j'ai fait une nuit blanche dans l'avion...
Tout le monde descend, direction les guichets pour les formalités d'entrée sur le territoire, il y a 2 types de guichet, 1 pour les coréens, et l'autre pour les étrangers, je le devine au panneau ou il y a marqué dessus "foreigners". Et me voila donc dans la file d'attente, ou bien évidemment je suis le seul "jaune" au milieu de "blancs", pour changer... Je sens a leurs regards que les Coréens dans l'autre file se demandent qu'est ce que je fais dans cette file d'attente. Un peu plus tard c'est enfin mon tour, et je me retrouve face a une jeune femme et lui tend mon passeport. Elle a l'air vraiment surprise de me voir la, jette un oeil au passeport et me dévisage méchamment de haut en bas. Elle commence a me parler en coréen mais vu que je ne comprend pas je lui dis " sorry i don't understand" . Elle ne réponds pas mais continue de me regarder avec mépris, comme si je lui avait fait quelque chose... Étant quelqu'un qui s"emporte facilement, je lui dit "what's your problem" et ne peut m'empêcher de l'insulter en français. " boura gouyo??" c'est ce qu'elle m'a dit, j'ai su plus tard que ça voulait dire " qu'est ce que vous dites?" Je récupère mon passeport en me disant bonjour l'accueil, ça commence fort... si les coréens sont tous comme ça...